6h du mat, c’est l’heure, il est temps qu’elle se lève, elle se réveille en sueur, sûrement un peu de
fièvre, en cet hiver 2017, dans la banlieue de nulle part, elle s’allume une cigarette et se prépare un
café noir.
Regard dans le miroir, où se dessinent les choses, regard dans une histoire qui ne veut plus dire grand-chose,
dans le petit appartement règne un silence désabusé, un peu d’eau sur le visage, et les rêves de cette
nuit, se déversent dans l’évier.
Sans envie s’habiller, par quelques traits se maquiller, et dans le vermillon de ses lèvres, se reflète
une jeunesse noyée, des lendemains sans visages, elle avance vers l’inconnu, à bout de souffle dans
ses mirages, elle est de celles qui en ont déjà trop vu.
25 ans, femme célibataire sans enfant, elle souhaite fonder une famille mais ne trouve jamais le
temps, le bon amant, le bon boulot, et les années passent comme un battements de cils, elle passe sa
vie dans son bureau, où la mélancolie prédomine.
Mais le bruit de la monnaie, résonne plus fort que les appels au secours, alors elle continue de courir
et peu importe le parcours, puisque vivre c’est mourir ne perdons pas une minute, la détresse devient
un masque, et plus rapide sera la chute, grâce à sa chute de rein, elle a grimpé les échelons, et les
types s’en fichaient pas mal, de sa licence avec mention, leurs attentions se rivaient d’elles-mêmes, sur
ses formes de déesse, intelligente et brillante mais éclipsée par la courbe de ses fesses.
Elle se demande ce que devient, l’étudiante modèle, a une pensée pour ces parents qui ont toujours
cru en elle, l’existence un labyrinthe, avec un fil d’Ariane cassé, c’est une joie de vivre feinte, et un
bonheur aseptisé.
Et derrière son ordinateur, où est l’égalité ? être si belle c’est son malheur, et peu importe ses
compétences, beaucoup lui ont conseillé de se marier à la fortune, mais vivre dans la lumière sans
briller, c’est être une étoile à l’ombre de la lune.
19h, fin de journée, et dans les ruelles du quartier, sous les sifflets, les quolibets et les regards
appuyés, elle se sent pion sur l’échiquier, n’a même plus la force de crier, dans sa révolte silencieuse,
elle continue de s’aliéner.
Retour entre 4 murs, la fièvre est remontée, le bruit de clef dans la serrure, témoin d’une journée
passée, elle ôte ses chaussures, s’écroule sur le canapé, entre soupirs et ironies du sort, itinéraire
d’une femme ordinaire.
Tom Tom
Poète et slameur aguerri, référent sur Nantes de la Ligue Slam de France, créateur de l’association de slam « Les Lapins à Plumes », il est également créateur de l’entreprise OGMA Oralité, spécialisée dans le coaching professionnel, autour de la thématique de la prise de parole en public.
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