Est-ce toi ou ton papier qui se déchire ?

L’effet de l’ivresse couplé à la volonté d’écrire,

Tous ces sons se mélangent, en résultent des oxymores,

Tu entends des bruits mécaniques provenant de ce corps.


Dimanche soir, à quelques heures d’être dans le coltard.

Ce moment où tu penses faire vibrer ta plume,

En réalité c’est elle qui va te tailler un costard,

Toi l’écrivain raté entre le marteau et l’enclume.


Le trouble de mémoire est l’art de la plume humide,

Permet de mêler les mots qui te rendent parfois lucide.

Ton esprit devient trouble,

Ton langage en devient fourbe.


La main tremblante tenant la plume,

Le bout de sa pointe qui te parfume,

L’encre s’en écoule à flot

Sur les lignes qui soutiennent le poids des maux

L’écriture est difforme,

Mais la phrase est cunéiforme.


Après ces heures passées à écrire,

L’encre se vide de sa pointe et de son support.

Ta main d’Homme commence à flétrir,

Car la plume abîme ton corps.

Tes yeux se ferment doucement,

Tandis que la plume est stoppée par le mouvement.


Tu rentres dans le monde des songes,

Loin de ces tracas du quotidien qui te rongent,

A l’aube du renouveau sur fond d’alcoométrie généreuse,

Coulant au travers de ta plume, qui te paraît si soyeuse.


La double essence démarre maintenant,

Sous deux homonymies opposées diamétralement,

Le premier sens empreint d’alcool et de ses vices,

Le second mû par la passion d’écrire, cette folie créatrice.


Tu l’as cherchée malgré toi, la réalité augmentée,

Arrivée sur la seule base de tes yeux globuleux,

L’un fixé sur ton torchon de papier,

L’autre braqué mécaniquement vers les cieux.


Arrive le temps de la réflexion,

Celle d’un flash hurlant sur ta rétine,

Comme celle du papier froissé sous ses multiples inflexions,

Promesse de vie comme une abeille qui butine.


Tu ne sais plus où est ton outil de travail,

Tes yeux tourbillonnent du côté obscur,

Tout autour de toi est un vrai champ de bataille,

Tu ne sais plus ce que tes sensations te procurent.


Embrumé par les relents d’alcool,

Sous le choc, tu brûles de tout ton corps,

Des voix externes viennent se mêler au décor,

L’ivresse de tes passions venant te poser ton licol.


Ta vue est réduite par ce halo de folie,

Celui lié à ta création mortifère, ton champ de bataille,

Tu y vois l’aura de la raison, tu redoubles d’envie,

Ta pupille elle, se dilate comme un éventail.


Tu as terminé ton écrit par une chute magistrale,

Tu sens l’odeur de cellulose qui imprègne ta main,

L’Armagnac venant l’accompagner à cette heure si matinale,

Renversé sur ta feuille, venant sceller ton destin.


Tu goûtes les portes de la gloire, mais elles resteront fermées,

On te le fait comprendre à pleins poumons, tu rends ton dernier soufre,

C’était ta dernière histoire, elle est maintenant parachevée,

L’élève imbibé de houblon, passé maître dans l’art du gouffre.


Ta main effleure ton outil de travail délicatement,

Tu touches des matières inconnues avec ennivrement,

Tu crois que tes esprits empiètent sur ton corps,

Mais ce ne sont que tes hallucinations se transformant en anticorps.


Tu entends des bruits mécaniques provenant de ce corps,

Tous ces sons se mélangent, en résultent des oxymores,

L’effet de l’ivresse couplé à la volonté d’écrire,

Est-ce toi ou ton papier qui se déchire ?



LM Feather & Phoennyx – Mars 2021

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