T’as d’abord regardé les enfants jouer
en espérant qu’ils t’invitent
puis t’as observé ces couples s’embrasser
en attendant qu’ils t’indiquent
où se trouvait la sortie d’secours
mais le monde avait le souffle court
et t’as tiré la fenêtre
parce qu’elle soit fermée ou ouverte
ton sale temps tu le portais comme un vêtement
t’avais peur de trop parler
de dissoner dans la cour d’école
de t’étonner que plus rien ne colle
parce que chez vous c’était différent
parce que chez vous t’étais tisserande
de toiles d’araignées
t’as tellement prié pour qu’il se rende
mais le voile a saigné
et t’as dû peigner tes cheveux
pour ne pas payer tu t’en veux
les pots cassés de ton cœur tendre
t’as laissé le furoncle y faire son trou
trop tourmentée de ne pas trouver
la paix en dedans tu voulais te prouver
que t’étais solide comme un bolide de formule un
un contrecoup qui t’apparaît un brin commun
il te défonce
tu le dénonces
et je te crois
mais toi tu trembles et tu succombes sous son aplomb que rien n’arrête
parce que quand la petite bête qui monte, monte
ben PAN
c’est la tonte de la tête et ce tout ce qui se trouve entre ses deux horizons
et j’sais pas qui a pu te demander de te taire
mais on n’a jamais vu un corps survivre en terre
Alors vas-y je t’écoute
même si tu t’exprimes à tâtons
à bâtons rompus ou à corps perdu
dis-le que
ce tyran t’attirait dans ses filets
en te tâtant, en te tatouant
à coups de trempes sur les tempes
c’est pas s’tromper que de succomber au silence
mais c’est tronquer de soi que d’y prendre pitance
dis-le que c’n’est pas facile
que c’n’est pas un mal factice
qu’il s’abat pas sur qui le mérite
qu’il est tactile et sans tact
s’il te trouve il t’entartre
et triture ton tout comme ces ombres sous tes os
j’ai tout mon temps pour entendre alors
dis-le une bonne fois pour toutes et ensuite
relève-toi je t’en prie relève-toi
j’ai foi en toi
t’es capable d’être cet enfant par la fenêtre
dont le seul souci est le raccourci qui mène au but
t’es une vaillante
une vraie tannante
une rapailleuse de feuilles mortes qui sait encore en faire des tas
tu sais ces tas qu’on amasse qu’on entasse pour s’y jeter
comme on se roule dans l’insouciance de cet âge
vois, vis, voyage et ris
sans te retourner
ton passé ne te quittera pas
pas besoin de le guetter comme on attend la mort
tu ne ferais que t’embêter à pourfendre l’amorce
alors vas-y
vois, vis, voyage et ris
la vie se crée et on y croît
quand en son creux on se l’octroie
après tout, chaque ligne du destin n’est qu’écrit à la craie
la pluie qui coule, c’est fait exprès
c’est comme un spray qui élimine
les taches de graisse
alors dis-moi
sous quelle ondée veux-tu qu’abonde ta page blanche
et surtout
de quelle couleur veux-tu colorier le soleil aujourd’hui ?
LEM
LEM est une artiste française native de Melun émigrée au Québec à Sherbrooke. Vous pourrez trouver l’une de ses toutes récentes actualités artistiques au travers de son clip « Papabsence » (voir clip ci-dessous), extension de son projet spectacle et livre « des Limbes à la Surface » (lien du livre ci-dessous).
De plus, le prochain livre de LEM « Et si les murs avaient su parler » sortira mi août 2021, avec dévoilement de la couverture le 20 juillet, accompagné d’un financement participatif pour la tournée en France.
Vous pourrez également trouver une autre vidéo de l’univers de LEM, « Je vais bien », ci-dessous. Bonne écoute !
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