Le corps enseignant
Je n’arrive plus à naviguer dans le corps enseignant
J’y ai cru pourtant
mais le mal de tête est persistant
Ça tangue
mal de mer
je chavire
Je tente de me raccrocher au radeau comme je le peux
je ne suis pas une immigrante, je n’ai pas à croire que ma survie en dépend
Je reste statufiée
n’osant plus bouger entre toutes les injonctions paradoxales
cadre flottant au gré des courants et vents contraires
Le corps martyr assis sur sa chaise, plié, répondant « présent »
alors qu’on lui a demandé de ne pas sentir, seulement réfléchir,
nier ses besoins, penser pour lui, lui dire ce qu’il doit faire, quand, comment, « tiens-toi bien », « lève-toi », « viens au tableau », « ne tourne pas sur ta chaise », « tais-toi », « répond »
« MAIS IL RÉPOND, L’EFFRONTé ! »
Front contre front, c’est le combat de coqs pour la reconnaissance
Sans sens
pour faire, faire, faire, faire
pour éviter de prendre du recul, un pas de côté, douter, danser avec la vie
« RESTE ASSIS ! »
Chaque mouvement de vie est stoppé net
On étête les entêtés
Coupons tout ce qui dépasse
Le mal de tête s’intensifie
La vie veut sortir
Ce n’est pas le bon moment,
le bon instant
Il se fait insistant
Assistance impuissante
Silence, ne plus bouger
Se désincarner, flotter au dessus de soi, au dessus de la mêlée,
des bruits, des odeurs,
devenir l’élite.
Se déliter, s’aliter, ne plus respirer,
oublier de manger, trop manger,
s’anesthésier,
essayer de boucher tous les pores par lesquels cette vie cherche à s’exprimer
danger danger danger
Sirène rouge hurlante
Que fait ce corps mouvant, dansant dans la classe ?
Quel vent de liberté le saisit ?
Quelle danse doit-il inventer à chaque instant pour composer sa mélodie avec les autres êtres se mouvant dans l’espace ?
Présence
Réelle présence
Dans ses pieds, dans ses genoux, son bassin, ses hanches,
sa colonne ondulante serpentant
de son coccyx à son occiput
portant fièrement une tête agile, souple, créative,
capable de s’adapter
de regarder tout autour la beauté là où elle émerge
de la magnifier, la faire grandir, l’élever.
Le corps enseignant se meurt
Le corps mu, émouvant, s’élève
Funambule de soi(e)
Funambule de soi(e) déambule, jonglant avec la vie et ses envies, dansant avec les mots et les couleurs. Elle marche en équilibre sur le fil tendu d’elle à nous, un fil de soi(e) qui se déroule et s’enroule, se lie et se délie.
Elle a toujours exercé des métiers à trait d’union. Elle aime relier les opposés, créer, danser avec tout ce qui se présente.
Elle essaie de se rappeler que la vie est un grand théâtre et de garder l’émerveillement vivant.
Le slam est entré dans sa vie en juillet 2018 à l’espace des possibles, grâce à Didier Duhazé et Nen Terrien, et ne l’a plus quittée. Elle a aimé l’idée de faire des textes courts, souvent spontanés, chargés de toute l’énergie du présent. Elle a aimé improviser avec les sonorités et laisser glisser sur mes papilles des pétillements, des bulles de légèreté.
Elle anime des ateliers d’écriture vivante faisant la part belle à l’oralité et au corps, à Lausanne (Suisse).
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